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MSV, bio-intensif, permaculture… Qu’est-ce que le maraîchage bio ?

19/09/2023

Au premier abord, à la question “qu’est-ce que le maraîchage bio ?”, la réponse semble évidente : cultiver des légumes et des fruits sans pesticides et engrais de synthèse. Mais la réponse est en réalité bien plus complexe que cela. Il existe en effet plusieurs courants de maraîchage biologique : le maraîchage bio classique, le maraîchage bio-intensif, le maraîchage sur sol vivant (MSV), ou encore, plus largement, la permaculture.

Alors, que vous soyez un consommateur curieux, jardinier du dimanche, maraîcher professionnel ou en devenir, nous allons décrypter dans cet article les principaux courants du maraîchage bio. Parce qu’il y a mille et une façons de faire pousser une carotte !

 

Le maraîchage bio : focus sur le cahier des charges

Le cahier des charges de l’agriculture biologique précise notamment que sont interdits dans ce mode de culture :

  • Les intrants chimiques de synthèse (pesticides et engrais minéraux)
  • Les cultures hors-sol et hydroponiques
  • Les OGM

Le règlement expose aussi les grands principes et leviers utilisables en agriculture biologique pour maintenir ou augmenter la fertilité biologique des sols : travailler les sols, pratiquer une rotation des cultures, épandre du fumier ou du compost…

En cas de problème sur une culture (maladie, ravageur…), le cahier des charges contient une liste exhaustive de produits phytosanitaires d’origine naturelle que le maraîcher peut utiliser en dernier recours.

 

À la Ferme de Cagnolle, bien que nous soyons certifiés bio, nous ne sommes pas convaincus par les grands principes énoncés dans le cahier des charges pour améliorer la fertilité des sols. Vous comprendrez pourquoi en lisant la rubrique sur le MSV, que nous pratiquons depuis de nombreuses années.

 

Le maraîchage bio classique : un modèle face à des limites ?

C’est dans l’esprit strict du cahier des charges que le maraîchage bio “classique” évolue. Il consiste à :

  • Travailler les sols pour améliorer leur structure et gérer l’enherbement ;
  • Apporter des matières fertilisantes (fumiers et composts) afin de nourrir les plantes et ainsi se passer des engrais minéraux chimiques utilisés en agriculture conventionnelle ;
  • Soigner les plantes si nécessaire, au moyen des produits de biocontrôle autorisés.

Ce modèle fait face, selon nous, à des limites. Par exemple, les sols nus et travaillés mécaniquement voient leur vie biologique fragilisée et exposée aux éléments (vent, UV, pluie), accentuant le phénomène d’érosion. Ces sols conservent également moins bien l’eau, augmentant donc les besoins d’irrigation.

Par ailleurs, bien que les apports de compost et de fumiers mûrs soient efficaces pour nourrir les plantes, ils ne nourrissent que peu la vie du sol : les champignons, bactéries, vers de terre et autres microorganismes n’ont plus rien à manger sur ces matières qui sont déjà très dégradées. L’agriculteur se prive donc de toutes les interactions complexes entre les plantes et les microorganismes du sol qui les aident à résister aux ravageurs, maladies, conditions climatiques extrêmes, etc. Les plantes se trouvent donc plus fragiles car obligées d’être autonomes pour assurer leur défense. En plus, en raison du caractère “digéré” de ces matières organiques, elles ont une durée de vie très courte dans le sol et rendent l’agriculteur dépendant d’apports systématiques.

 

Le maraîchage bio-intensif : le modèle de Jean-Martin Fortier

Le concept du maraîchage bio-intensif a été fondé et popularisé par le québécois Jean-Martin Fortier. Il s’agit avant tout d’une méthode qui consiste à optimiser au maximum le système de production afin de générer le plus de chiffre d’affaires possible sur une petite surface (environ 1 hectare).

La ferme est ainsi divisée en blocs, puis en planches de cultures permanentes aux dimensions standardisées. Le travail du sol a tendance à diminuer, mais n’est pas exclu : le sol est structuré à l’aide d’un motoculteur, puis systématiquement aéré au moyen d’une grelinette avant d’implanter une nouvelle culture. La fertilisation est assurée par des composts, fumiers ou engrais verts, qui sont généreusement utilisés. Les légumes sont plantés très serrés afin de tirer parti de chaque centimètre carré de sol et de créer un ombrage naturel qui ralentira la pousse des adventices et gardera le sol frais et humide.

Le cœur du système repose donc sur la planification millimétrée afin d’enchaîner un maximum de cultures, tout en suivant un programme de rotation.

Ce modèle présente donc des avantages : les cultures sont généralement belles et peu attaquées par les ravageurs et se récoltent facilement et rapidement, notamment les légumes racines. Cependant, nous pensons qu’il présente aussi des limites : le travail du sol perturbe sa biologie et crée une structure totalement artificielle, et une grande quantité de compost est nécessaire pour garantir la poussée des légumes. En outre, comme expliqué précédemment, sans une vie biologique du sol intense, les plantes sont plus susceptibles de tomber malade. C’est à ce moment que les produits de biocontrôle (pesticides d’origine naturelle autorisés en agriculture biologique) interviennent. Ces derniers prennent une place importante dans le modèle de Fortier. Cela induit donc une dépendance supplémentaire à des produits qui ne sont pas forcément anodins.

 

Le maraîchage sur sol vivant (MSV) : le modèle de la ferme de Cagnolle

À la ferme de Cagnolle, nous pratiquons le maraîchage sur sol vivant depuis plus de 12 ans.

Ce mode de culture place le sol au centre de ses préoccupations et fait le pari qu’un sol en bonne santé fera pousser des légumes sains et en quantité (après “un esprit sain dans un corps sain”, “des légumes sains dans un sol sain” ?)

Un sol sain abrite une activité biologique intense : des vers de terre, champignons, bactéries… Le premier principe du MSV consiste donc à ne pas déranger cette vie microbiologique en abandonnant  le travail mécanique du sol (la vie du sol se charge de créer la structure dont nous avons besoin pour faire pousser nos légumes). Le second principe consiste à couvrir en permanence les sols, avec des matières organiques mortes (aussi appelés mulchs : broyat végétal, paille, feuilles mortes, etc.) ou vivantes (les couverts végétaux ou engrais verts). La matière organique brute, non compostée, nourrira l’activité biologique du sol qui nourrira les plantes en retour.

Pour gérer l’enherbement, nous utilisons différents types de bâches, la plupart récupérées gratuitement auprès d’éleveurs avant d’être jetées. Ces bâches permettent donc de freiner les adventices, et plus encore : nous avons constaté qu’elles gardent l’humidité dans le sol et réduisent, voire suppriment les besoins d’irrigation !

En plus de fonctionner sur le plan technique (nos légumes poussent en quantité et sont de qualité, preuve à l’appui sur notre chaîne YouTube !), ce mode de culture amplifie les services écosystémiques rendus par les sols : stockage de carbone, amélioration de la qualité de l’eau, habitat pour la biodiversité, etc.

Nous sommes convaincus que le MSV est le modèle de maraîchage le plus adapté dans un contexte où les enjeux environnementaux sont multiples :

  • Atténuation du changement climatique, en stockant du carbone dans les sols et adaptation face aux événements climatiques extrêmes de type sécheresse, grâce à la forte rétention d’eau des sols riches en matière organique
  • Lutte contre la perte de fertilité des sols grâce au non-travail des sols et à la couverture permanente, véritable barrière anti-érosion
  • Et bien d’autres encore !

 

Et la permaculture dans tout ça ?

La permaculture est un concept qui va bien au-delà du maraîchage bio. C’est avant tout une philosophie qui est fréquemment résumée par ces 3 principes :

  • Prendre soin de la Terre
  • Prendre soin de l’Humain
  • Partager équitablement

Au jardin, la permaculture peut se traduire concrètement par les principes du MSV que nous avons évoqué précédemment, mais aussi par l’agroforesterie (associer des arbres et des cultures), la maximisation de la biodiversité cultivée et non cultivée, la plantation de cultures permanentes, les associations de culture… Vous l’aurez compris, il existe donc autant de modèles de maraîchage bio que de maraîchers ! Sur l’aspect agronomique, notre expérience nous pousse à prôner le MSV, tant pour la productivité que pour les bienfaits de ce mode de production pour la terre (le sol) et la Terre (la planète). Libre à chacun de s’inspirer des forces de chaque modèle pour établir son propre modèle de production !

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