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Quels déchets utiliser en MSV ?

19/09/2023

A la Ferme de Cagnolle, nous pratiquons l’agro recyclerie, un concept que nous avons inventé. Pour cela, nous veillons à limiter drastiquement nos déchets, à ne pas gaspiller, à jeter le minimum et à toujours tenter de réutiliser. Ce qu’il y a de bien, c’est qu’une fois sensibilisé, il est facile au quotidien de faire attention à privilégier les matières naturelles, qui peuvent être recyclées. Car elles trouveront toujours une utilité… notamment pour nourrir nos sols ! Mais même lorsque les matières ne sont pas naturelles, il suffit d’un peu de créativité pour les réemployer, leur donner une seconde vie. Voyez plutôt !

 

Fertiliser son sol avec des déchets organiques : le compost, oui, mais pas que !

Quand on parle de déchets organiques recyclés, la plupart des gens pensent au compost. Alors oui, le compost, nous allons en parler. Mais le maraîchage sur sol vivant n’en fait pas sa priorité, il y a bien d’autres types de déchets organiques qui attirent notre attention et présentent des atouts ! 

Petit conseil avant de les aborder : nous parlons ici de recyclage avec un objectif pluriel. Il s’agit à la fois de limiter la perte et le gaspillage de ressources, limiter l’empreinte de l’homme sur l’environnement mais aussi de faire des économies. La démarche doit être vertueuse à tous points de vue ! Pensez local. Si vous faites venir des déchets de très loin à grand frais, la démarche risque fort d’être contre-productive car la pollution générée par le transport de ces déchets aura en quelque sorte annulé votre louable initiative. En agro recyclerie, logique, bon sens et créativité seront vos alliés !

 

Les déchets verts de jardinerie

La première typologie de déchets organiques que nous utilisons pour fertiliser nos sols en MSV est le broyat de déchets verts. Plus il est frais, mieux c’est ! Car il est le plus riche en matière dégradable pour favoriser la vie du sol et créer un humus stable qui apportera à nos plantes tous les nutriments nécessaires à leur bon développement et à leurs défenses. Nous nous faisons livrer le broyat issu des déchèteries, rassemblant les déchets verts des particuliers. Difficile de savoir les essences qui s’y trouvent, mais l’intérêt est qu’elles y sont souvent mélangées. On évite ainsi les déséquilibres en apportant par exemple trop d’acidité. Ce broyat se retrouve ensuite directement sur nos planches de maraîchage, pour commencer à s’y décomposer avant d’accueillir de jeunes plants repiqués, voire des graines semées à la volée. 

 

 

Le charbon de bois : un déchet sous-estimé

A la Ferme, nous utilisons aussi du poussier de charbon de bois. Il s’agit du déchet d’une usine de proximité spécialisée dans la fabrication de charbon pour barbecue. Tous les morceaux trop fins pour être commercialisés finissent broyés en une poussière fine, qui est idéale pour s’intégrer à nos sols ou même pour recouvrir des semis à la volée.

Le charbon de bois, très poreux, présente en effet l’avantage de retenir jusqu’à 5 fois son poids en eau ! Il participe ainsi activement à la structuration de nos sols et à leur capacité de rétention de l’humidité. Il entre aussi dans la composition de notre terra preta maison.

Découvrez nos vidéos sur l’utilisation du charbon en MSV !

Le charbon sur les carottes : expérience…

 

… et rendement !

 

Le charbon dans la tera preta maison…

… ou dans les WC secs !

Les déchets de scieries : du bois, encore du bois !

Toute forme de bois est bonne à prendre ! La sciure et les balayures de scierie ne sont pas en reste. Les écorces également. La plupart des chutes et morceaux de bois issus de la fabrication de planches ou de poutres sont utilisés pour produire du bois recyclé, des granulés pour poêles ou encore des plaquettes de bois. Mais la balayure, elle, ne sert à rien. Elle est perdue si elle n’est pas intégrée au compost ou directement au sol !

Les déchets alimentaires, y compris les produits carnés

Plus généralement, tous les déchets alimentaires – ceux des supermarchés par exemple, qui possèdent un rayon traiteur et dont les plats préparés arrivent à expiration, ou encore les restes des plats de la cantine du collège local – sont utilisables dans un compost bio. Malgré de nombreuses idées reçues, ajouter les têtes de poisson ou des morceaux de viande dans le compost ne pose pas de problème d’hygiène ni de certification. En effet, un compost doit être hygiénisé grâce à une montée en température à plus de 50°C. Ce processus empêche la putréfaction.  Le principal risque est d’attirer les rongeurs dans son compost… C’est pour cela qu’un bon compost doit aussi être composé d’au moins 50% de matière carbonée très ligneuse, de type broyat ou balayure. Seuls les abats ne sont pas admis, car ils appartiennent à une classe de déchets particuliers et sont potentiellement plus vecteurs de maladies. Ils obéissent donc à des normes différentes et nous ne les utilisons pas pour fertiliser nos champs.

 

Le coiffeur : nouvel allié du maraîcher et de la biodiversité

En dehors des restes alimentaires, d’autres idées sont bonnes à prendre au potager : recycler les cheveux coupés chez le coiffeur par exemple ! Bon, d’accord, c’est un peu étrange. Glauque diront certains. Mais c’est mal connaître les bienfaits de ce type de déchets : si vous les répandez sur votre sol, par exemple pour délimiter une parcelle, les chevreuils seront (un peu) dissuadés de venir y croquer vos jeunes plants (à la ferme, ils sont friands de nos pieds de patate douce…). Par ailleurs, les oiseaux viendront en chercher pour constituer leurs nids et seront bien au chaud pour passer l’hiver. 

Un point de vigilance néanmoins : les cheveux font partie des émonctoires, ces organes qui aident le corps à évacuer ses déchets (métaux lourds, polluants…). On peut donc imaginer qu’en fonction des produits d’hygiène utilisés, voire même de l’alimentation de leurs propriétaires, les cheveux soient eux-mêmes plus ou moins bio… Difficile de contrôler !

 

 

Les déjections animales… et humaines !

Tout le monde sait que le fumier et le lisier sont utilisés depuis des siècles en agriculture pour amender le sol. Malgré un rapport C/N souvent assez faible qui en font des amendements de court terme, ces déjections animales sont effectivement bonnes à prendre en guise d’engrais pour une culture saisonnière. 

Le potassium qui se trouve dans les urines et les litières est très soluble. Il est immédiatement disponible pour les plantes : il faut l’utiliser rapidement en mettant sa culture en place. 

Le phosphore est présent sous des formes minérales plus ou moins solubles, mais est également disponible à court terme. 

L’azote peut être présent sous forme minérale ou organique. Sous forme d’ammoniaque, il est immédiatement disponible pour les plantes. Sous forme organique, il doit d’abord être minéralisé, et sera disponible plus ou moins rapidement : 

  • jusqu’à 80% de l’azote organique issu d’un fumier de volaille peut être minéralisé en quelques semaines suivant l’épandage*
  • un fumier de bovin minéralise jusqu’à 40% de son azote organique lors du cycle de culture consécutif à l’apport
  • en comparaison, un compost de déchets verts ou un fumier à maturation longue verront seulement 15% de leur azote organique libéré au cours de la première année. Ces déchets sont donc moins utilisés pour leur potentiel d’apport d’azote que pour leur capacité à enrichir le stock de carbone du sol. 

*source : http://www.web-agri.fr/conduite-elevage/culture-fourrage/article/integrer-les-valeurs-fertilisantes-des-produits-organiques-1178-115410.html 

 

Ainsi, les déjections animales peuvent être ajoutées au sol, mais plutôt sur une culture déjà en place afin de lui donner un coup de boost !

De la même manière, les déjections humaines – celles de nos toilettes sèches par exemple – peuvent être utilisées. En revanche, mieux vaut s’assurer de la qualité de l’alimentation des usagers… Les additifs des produits alimentaires industriels ou encore les médicaments peuvent se retrouver dans les urines des individus. En Chine, certains vergers sont fertilisés avec de l’urine de jeunes enfants, récupérée grâce à des systèmes spéciaux mis en place dans les écoles. Le sol bénéficie des bienfaits de l’urine et de sa concentration en azote et phosphore, mais on évite l’urine des adultes car elle est jugée moins saine que celle des enfants ! 

Ainsi, nous l’avons vu, il y a toutes sortes de déchets organiques qui peuvent être récupérés pour enrichir nos sols de potager. Et nous n’avons listé ici que les plus acceptés en société ! En allant plus loin, on pourrait aussi poser la question du compostage des morts par exemple, et imaginer des cercueils plus aptes à se bio-dégrader… Mais ce sujet fait encore un peu trop froid dans le dos et il semble que personne n’ose avancer sérieusement ce genre d’idées. 

 

Réutiliser des déchets plastiques : c’est possible !

Si vous connaissez notre Ferme, le concept va vous parler : bâcher les planches de culture pour gérer l’enherbement et préserver notre sol vivant. 

Cette technique nécessite de disposer de grandes quantités de bâches permettant notamment le blocage des rayons UV et évitant l’évaporation des eaux contenues dans le sol. Nous avons investi dans différents types de bâches à la ferme (un article à venir vous en dira plus long sur le sujet), mais rien de tel pour faire des économies que de récupérer les bâches d’ensilage de nos voisins éleveurs, parfois un petit peu déformées ou trouées, mais qu’il nous est facile de redécouper et réemployer dans les champs. Zéro dépense, et une nouvelle vie pour ces grandes bâches de plastique qui seraient autrement parties à la poubelle !

 

Découvrez notre vidéo sur l’utilisation des bâches plastiques en MSV :

 

 

Autre astuce de recyclage ménager : les sachets hermétiques de croquettes pour chien ou chats, mais aussi les sachets et boîtes de café font d’excellents contenants à graines, pour garder au sec nos semences jusqu’au printemps suivant !

Et vous, avez-vous d’autres idées de recyclage intelligent ? Partagez-les sur nos réseaux sociaux !

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