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Agrorecyclerie : définition

19/09/2023

Avez-vous déjà entendu parler de l’agro recyclerie ? Il est probable que non, car c’est un terme qui nous est venu à la Ferme de Cagnolle pour décrire notre vision particulière du maraîchage et notre manière de cultiver nos sols. On vous entend déjà nous dire “pourquoi inventer encore un nouveau nom ? une enième chapelle ?” et c’est vrai qu’au milieu de tout le jargon néo-perma-écolo, vous n’auriez pas tout à fait tort… laissez-nous vous expliquer plutôt !

 

L’ambition de l’agro-recyclerie : utiliser nos déchets pour créer la vie

Ces dernières décennies, de nombreux termes ont vu le jour pour traduire la volonté de différencier les pratiques et les écoles de pensée en matière d’agriculture : agroécologie, permaculture, MSV, agriculture raisonnée, biologique ou non conventionnelle, agroforesterie, agropastoralisme… Alors en quoi se différencie cette nouvelle idée d’agro-recyclerie ?

Il s’agit d’ancrer les pratiques agricoles dans le contexte de notre société de (sur)consommation. Le maraîchage sur sol vivant nous apprend que la vie de nos plantes jaillit au sein d’un cycle naturel, qui fait intervenir entre autres de la matière organique morte. Comme le disait Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Si on fait un parallèle avec nos sociétés actuelles, grandes productrices de déchets, on peut s’interroger : comment les recycler intelligemment ? comment réellement transformer les restes de nos activités en matières valorisables ? Comment utiliser nos déchets pour les réintégrer au cycle de la vie ? C’est à ces questions que les pratiques de l’agro-recyclerie s’attaquent.

En allant plus loin, l’agro-recyclerie c’est aussi un état d’esprit : récupérer ce qui peut l’être, moins jeter, valoriser ce que certains pensent déchets pour mieux économiser ses ressources et même les développer, dans le but de produire durablement.

 

Un exemple de recyclage au cœur de la nature : l’arbre

Le symbole naturel de l’agro-recyclerie pourrait être l’arbre, capable de produire toujours plus de matière et d’alimenter son développement, notamment grâce à ses déchets. Quelques éléments de compréhension s’imposent.

Un arbre se développe grâce à ses capacités de photosynthèse et d’absorption de nutriments par le biais de ses racines. Lorsque ses racines ne suffisent pas à puiser en profondeur l’eau ou certains minéraux qui lui sont essentiels, l’arbre s’associe avec des champignons mycorhiziens qui les lui apportent en échange de sucres, dans une symbiose parfaite. En hiver, lorsque l’arbre produit nettement moins de photosynthèse et donc beaucoup moins de sucre, il change de stratégie et choisit de perdre ses feuilles pour préserver ses champignons. Explications !

Les feuilles constituent à la fois les déchets de l’arbre, le reliquat usagé de son appareil photosynthétique – dans lequel il évacue par exemple le calcium -, mais aussi ses dernières réserves ! Déchets et matière nutritive sont mélangées à des tanins, donnant aux feuilles leur couleur automnale jaune ou rouge, et leur évitant d’être consommées et décomposées par d’autres micro-organismes de la faune du sol durant la saison froide. Seuls les champignons sont capables d’y puiser de l’énergie ! L’arbre transforme ainsi ses déchets en source de nourriture pour les champignons locaux, et se nourrit lui-même indirectement… Il instaure un cycle d’auto fertilité ! Rien ne se perd, rien ne se crée…

Mais l’arbre est plein de surprises, il n’a pas trouvé qu’un seul moyen de transformer ses déchets en ressource utile ! Contrairement à un humain, qui se déplace pour manger ou déféquer, l’arbre est immobile. Ses déchets, il doit les gérer sur place… Ainsi, les restes de carbone dont il dispose en trop grande quantité sont stockés dans le cœur du tronc, le duramen. Pas de cellules vivantes à cet endroit ! En quelque sorte, en son centre l’arbre est mort… Mais paradoxalement, cette matière lui permet aussi de grossir, d’élargir la surface externe de son tronc, la surface d’écorce sous laquelle circule la sève et où, à cet endroit, l’arbre est bien vivant. La matière morte centrale permet à l’arbre de se développer, de se structurer, de se rigidifier et de pousser toujours plus haut pour rapprocher ses panneaux photovoltaïques de sa principale source d’énergie : le soleil. Là encore, une formidable démonstration d’intelligence de la nature et de recyclage permanent.

 

 

Un exemple de recyclage déjà pratiqué en agriculture : l’aquaponie

L’aquaponie est née de deux pratiques distinctes qui se sont intelligemment rapprochées pour valoriser les déchets l’une de l’autre, dans un cercle vertueux : l’hydroponie, qui consiste à faire pousser des plantes dans de l’eau (pour en faire un gros résumé), et l’aquaculture, l’élevage de poissons pour la consommation.

En hydroponie, les plantes sont généralement racines nues dans l’eau (système RAFT) ou dans un substrat neutre et inerte (ex: laine de roche, pouzzolane, gravier). Elles ne trouvent pas naturellement dans ce substrat trop pauvre les minéraux dont elles ont besoin pour alimenter leur croissance. Les maraîchers hydroponiques doivent les apporter dans l’eau d’irrigation, et par conséquent, se retrouvent dépendants des intrants chimiques pour le bon déroulement de leurs cultures. Cette problématique inhérente à l’activité est totalement compatible avec l’activité de l’aquaculture. En effet, celle-ci produit des déchets : les excréments et urines des poissons, que l’on appelle effluents d’élevage et qui sont une source de pollution. Avant de réintégrer les eaux usagées dans leur cycle naturel local ou environnement, celles-ci doivent donc être filtrées. Pour éviter cette étape coûteuse, l’aquaponie (contraction des deux termes) permet aux déchets de l’aquaculture de servir d’intrants, riches en nutriments (dont nitrates), aux cultures hydroponiques qui filtrent naturellement l’eau, pouvant alors retourner propre dans les bassins d’élevage. 

Les déchets des villes : utilisables en agro-recyclerie ?

Ce raisonnement vertueux peut-il s’appliquer aux déchets des villes ? Notre société de consommation produit une énorme quantité de plastiques et de déchets carbonés chaque année. Jusqu’à quel point peut-on les recycler ?

Les environnements urbains ont déjà inventé l’urban mining, cette démarche qui consiste à faire le tour de tous les appareils électroniques jetés dans les milieux urbanisés pour en récupérer les composants et métaux précieux, et ainsi éviter de les extraire à l’autre bout de la planète. Ces mêmes environnements urbains produisent aujourd’hui de grandes quantités de déchets carbonés non recyclés, souvent enfouis ou brûlés, perdus car ils sont mélangés à d’autres matières. Pourtant, nous pourrions les réutiliser, notamment pour fertiliser nos champs, avec la même inventivité que nous avons déjà déployé pour nos ordinateurs et nos smartphones usagés ! 

 

Chaque petit geste compte. De notre côté, à la Ferme, nous réutilisons par exemple les sachets de café, protégeant de l’humidité, pour stocker nos graines et semences. On pourrait imaginer récupérer des tapis, des couvertures ou même des matelas en laine (sans les ressorts…) pour les hâcher et les restituer à nos sols. Une source insoupçonnée de matière organique prête à être décomposée !

 

Les agriculteurs proches des grandes agglomérations pourraient bénéficier de démarches de gestion intelligente permettant d’acheminer les déchets carbonés des villes vers les terres arables, afin de les enrichir durablement. Tout ce qui nous manque, c’est un peu de créativité et la volonté de bien trier. Nous venons de parler de recycler un matelas : avouez que vous vous êtes dit que le scénario Mad Max allait un peu trop loin pour vous… Pourtant, cette initiative prise à grande échelle permettrait demain de faire un vrai pas en avant dans la gestion conjointe de nos déchets et de la fertilité de nos sols à long terme !

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